Il nous est tous arrivé de ressentir un certain stress avant un examen ou bien une réunion importante au boulot. Le stress est une réaction normale du corps humain. Toutefois, lorsque la réussite prend trop d’importance et amène un stress démesuré causant de la souffrance chez un individu, ce n’est plus une situation normale. Il est alors question d’anxiété de performance.
Souvent confondus, le stress et l’anxiété sont deux concepts ne référant pas à la même chose. Pour bien comprendre si un jeune souffre d’anxiété de performance, il est d’abord important de bien comprendre cette distinction.
« Le stress survient lorsqu’une personne fait face, ici et maintenant, à une menace détectée par le cerveau. Lorsque le cerveau détecte la menace, il produit des hormones de stress qui permettront de combattre ou de fuir la menace. L’anxiété est l’anticipation d’une menace imaginée. Toutefois, le cerveau réagit de la même manière devant une menace réelle ou imaginée par la production d’hormones de stress. Ceci explique que les personnes anxieuses ont tendance à produire beaucoup d’hormones de stress, car elles anticipent constamment des menaces imaginées. » – Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
Pour Nancy Dubois, conseillère d’orientation et psychothérapeute au Centre de pédopsychiatrie CIUSSS-CN depuis 24 ans, « l’anxiété de performance chez les jeunes représente le symptôme d’une identité souvent diffuse. De fait, la réussite-à-tout-prix, l’excellence des résultats scolaires et la bonne position dans une activité ou un sport représentent pour les jeunes des marqueurs indissociables de leur valeur intrinsèque. Il est donc peu étonnant de voir ces jeunes réagir lorsque les professionnels ou leur entourage les invitent à revoir leurs critères. C’est tout l’ego qui est alors menacé, et c’est ce qui peut expliquer, en partie, leur ambivalence à acquiescer à cette nouvelle façon de se considérer. Lorsque les jeunes prennent un pas de recul, ils reconnaissent bien qu’ils s’en demandent beaucoup. En revanche, l’idée de se regarder sous un nouvel angle soulève souvent une tempête interne qui tend à les paralyser et à les maintenir dans leur modus operandi. C’est grâce au travail de collaboration entre le jeune, sa famille et le professionnel de la santé que de petits pas sont tracés sur la voie du changement.
Soulignons aussi que les jeunes aux prises avec des enjeux de performance tendent à occulter également toutes notions de plaisir, ce qui amène une lourdeur supplémentaire à leur quotidien. Dans leurs perceptions, réintroduire ce thème les obligent à délaisser leurs « devoirs de performance », un pas souvent difficile à franchir. L’importance d’être bien accompagné dans ce cheminement demeure incontournable.
Il est possible pour des parents et des amis de soutenir le jeune coincé dans ce dilemme en encourageant les activités-plaisir, en offrant une écoute bienveillante, en évitant de renforcer l’idée que la réussite est le seul investissement d’une vie.
« Et un petit truc: lorsqu’un jeune vous parle de ses performances et qu’il semble attendre de votre part une rétroaction (car il cherche à confirmer dans votre regard sa propre valeur), retenez vos commentaires habituels du type « c’est bien », « tu es vraiment bon dans ceci-cela », etc., et posez-lui plutôt la question suivante: « et toi, tu en penses quoi de ce résultat? ». Ce type d’intervention obligera le jeune à s’auto-consulter, à tourner son regard vers lui-même. Il apprendra, tranquillement, à redéfinir les pourtours de son identité. Et qui sait, cela pourrait vous conduire vers un échange fort intéressant avec lui! » affirme Nancy Dubois.
Si votre enfant ou un jeune de votre entourage souffre d’anxiété de performance, il est important d’agir et d’avoir recours aux ressources disponibles. Pour vous informer davantage sur la Fondation CERVO, cliquez ici.